Nous publions aujourd’hui une nouvelle étude entièrement dédiée aux applications de la blockchain en santé, suite à plusieurs demandes qui nous sont parvenues d’acteurs du secteur depuis le début de l’année, signe d’un intérêt grandissant pour cette technologie.
Nous avons identifié quatre grands domaines d’applications : la gestion des données médicales, l’industrie pharmaceutique, la transparence de la recherche, et l’utilisation des données génétiques. L’étude entre dans le détail des explications pour chacun de ces domaines, mais en voici un aperçu :
Données médicales
Il est envisageable de mettre en place une blockchain qui stockerait les données de santé de multiples parties prenantes (hôpitaux, laboratoires, patients, instituts de recherche…) et autoriserait leur partage entre ces différents acteurs. L’interopérabilité des données médicales serait ainsi grandement favorisée, tout en conservant la confidentialité de ces données, grâce notamment au système de clé publique – clé privée de la blockchain.
En outre, des analyses d’immenses masses de données anonymisées pourraient être effectuées, permettant ainsi d’accélérer la recherche médicale. Les patients pourraient monétiser leur clé privée s’ils le souhaitent, et donc indirectement l’accès à leur dossier médical complet. Ils reprendraient alors le contrôle sur leurs données et pourraient tracer l’usage qui en est fait.
Industrie pharmaceutique
L’utilisation d’une blockchain pourrait aider à lutter contre le fléau de la contrefaçon de médicaments, qui atteindrait jusqu’à 30% des médicaments vendus dans les pays en développement selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Il s’agirait d’enregistrer sur une blockchain les empreintes de chaque action liée à un médicament lors des différentes phases du processus de fabrication et distribution. Tous les acteurs de la supply chain pharmaceutique pourraient alors vérifier la provenance et l’intégrité des médicaments.
De façon plus générale, l’ensemble des parties prenantes de l’industrie pharmaceutique pourrait améliorer la transparence et la fluidité de leur supply chain grâce à cette technologie : celle-ci permettrait de rendre visible en temps réel chaque étape logistique à l’ensemble des participants.
Recherche médicale
Les programmes de R&D pour de nouveaux médicaments sont souvent critiqués pour leur manque de transparence. La fiabilité et véracité des travaux de recherches et d’essais cliniques menés sont alors remises en cause. La blockchain permettrait d’apporter plus de transparence et donc de fiabilité dans ces processus aujourd’hui parfois opaques. Il s’agirait ainsi de rendre transparent l’ensemble des démarches des travaux de recherche, jusqu’à leurs conclusions.
Au-delà, la blockchain peut favoriser l’éclosion d’un modèle de recherche plus collaboratif et plus efficient, en offrant un espace de partage de données d’essais cliniques et de recherche à la fois transparent et conforme au respect de la vie privée (voir l’exemple développé dans l’étude).
Données génétiques
La blockchain pourrait assurer la privacy des données génétiques (dont l’intérêt est appelée à se démultiplier au cours des prochaines années et décennies, avec le développement du séquençage du génome humain) tout en permettant d’exploiter ces dernières à des fins de recherche. Concrètement, les particuliers qui le souhaitent ouvriraient l’accès à leurs données aux professionnels médicaux de leur choix, et choisiraient exactement les parties du génome qu’ils souhaitent partager. Il sera possible aussi de tracer l’usage de la donnée, à laquelle est associée une signature unique. De leur côté, les chercheurs auraient accès aux métadonnées (et non aux données génétiques en elles-mêmes) et effectueraient des recherches sur des profils dont les données pourraient être intéressantes pour leurs travaux. Ils pourraient formuler des demandes ; dès lors, les individus correspondant à ces profils autoriseraient ou non l’accès à leurs données et négocieraient les conditions d’un éventuel paiement.