Alexandre Stachtchenko, cofondateur de Blockchain Partner, était l’un des invités dimanche 18 juin de l’émission « Demain la veille » animée par Dorothée Barba sur France Inter. Au menu de l’émission : l’avenir de la monnaie, et en particulier de l’argent liquide, et la possible disparition de celui-ci à terme.
« La moitié de l’humanité n’a pas de compte en banque et ne peut donc pas se financiariser, a rappelé Alexandre Stachtchenko. Toutes ces personnes utilisent donc du cash pour vivre. La disparition des espèces engendrerait donc l’exclusion d’une large partie de la population mondiale. »
Plutôt qu’une disparition des espèces, il faudrait plutôt parler d’une numérisation de celles-ci. « La numérisation des espèces est une tendance inéluctable, estime Alexandre Stachtchenko. C’est une bonne chose à de nombreux égards : la praticité, la réduction de coûts, de vols… Mais si la tendance est là, la question réside dans la manière d’y arriver.(…) Un enjeu fondamental, en particulier, est celui de la vie privée.«
De là l’intérêt porté aux cryptomonnaies, en premier lieu le bitcoin. Celui-ci, contrairement à ce qui est parfois dit à son sujet, ne s’inscrit pas à proprement parler dans la tendance à la disparition du cash : « Il faut comprendre son histoire avant de comprendre à quoi il sert. Bitcoin est un système de cash numérique : c’est ainsi qu’il a été présenté par son fondateur. Il possède les mêmes propriétés que le cash : l’échange d’argent liquide se fait de façon pair-à-pair, instantanée, et anonyme (ou plutôt pseudonyme). Bitcoin reprend ces mêmes propriétés, avec l’ajout d’autres avantages intéressants permis par la numérisation, comme par exemple l’international. »
Le bitcoin remplacera-t-il les moyens de paiement traditionnels ? Gare aux raccourcis : « Il faut envisager le bitcoin comme une monnaie commune plutôt que comme une monnaie unique. Je ne me vois pas demain payer mon café en bitcoin ! Néanmoins il sera sûrement de plus en plus utilisé à l’avenir, notamment dans les paiements internationaux.«
De même, « le bitcoin a mauvaise réputation : on entend parfois qu’il s’agirait de la monnaie des terroristes, ou de la drogue. Mais c’est le cas aussi et surtout du cash ! En réalité, il faut bien voir que le bitcoin est l’une des monnaies les plus traçables au monde.«
In fine, le bitcoin conduit à réinterroger les logiques du système monétaire actuel : « L’argent placé sur un compte bancaire par un client lui appartient-il vraiment ? En réalité, il s’agit plutôt d’argent situé sur un serveur de la banque, auquel le client demande l’accès lorsqu’il en a besoin. Mais souvenons-nous de la crise chypriote de 2013 : les dépôts bancaires au-dessus de 100 000 euros ont été ponctionnés jusqu’à 47,5% à la Bank of Cyprus, sans que les clients n’aient leur mot à dire ! En réalité, ce qui fait la valeur d’une monnaie, c’est surtout la confiance qu’on y met. Un système monétaire est avant tout un système de confiance. La problématique sur laquelle Bitcoin met le doigt, c’est justement cette problématique de la confiance.«