La semaine dernière, Blockchain Partner était à Abidjan pour intervenir à l’un des plus grands événement tech africains : l’Africa Web Festival. L’occasion de mieux appréhender l’état et le potentiel d’appropriation des technologies blockchains en Côte d’Ivoire.
1. La blockchain et les cryptomonnaies en sont pour le moment au stade de la découverte en Côte d’Ivoire. C’est le premier constat que l’on peut tirer de nos différents échanges tout au long de l’événement. Malgré nos recherches nous n’avons trouvé aucun lieu pour acheter et vendre des bitcoins à Abidjan (la plus grande ville du pays), et un seul acheteur sur le site localbitcoins.com.
2. La population du pays est très jeune : plus des trois-quarts des Ivoiriens (77%) ont moins de 35 ans. Cette jeunesse est un atout important en vue de l’adoption des cryptomonnaies. Plusieurs études ont montré que la propension à adopter le Bitcoin est nettement plus élevée chez les Millenials (18-34 ans) que dans la population dans son ensemble. Un sondage effectué en octobre 2017 par Harris Poll aux Etats-Unis indique que le taux de possession du bitcoin est deux fois plus élevé chez les Millenials et que plus d’1/4 d’entre eux citent Bitcoin comme étant « plus de confiance » que les banques (37% chez les jeunes hommes).
3. Autre élément a priori très favorable à l’adoption à venir de monnaies virtuelles : si seulement 4% des 25 millions d’ivoiriens possèdent un compte bancaire, la moitié d’entre eux utilise un portefeuille de “mobile money” (moyen de paiement avec son crédit téléphonique). Ce moyen de paiement est accepté dans un grand nombre de cas : faire ses courses à l’épicerie, payer au restaurant, régler ses factures d’électricité et même ses taxes (!). Les opérateurs téléphoniques, comme Orange, ou les opérateurs de wallet, ont pris la place des banques.
4. L’utilisation du smartphone reste cependant limitée. Le salaire moyen du pays est aux alentours de 100$/mois, et un smartphone correct coûte le même prix qu’en France, voire plus cher (import). En pratique, de nombreux Ivoiriens ont des portables 2G de type Nokia 3310, et paient avec ces appareils grâce à des systèmes de “mobile money” compatibles : paiement par sms, technologie USSD (messages comparables à des « SMS sans mémoire », de type #123#), puce RFID à coller au dos du téléphone.
5. Un des principaux freins réside dans le manque d’infrastructure. Un interlocuteur nous a indiqué que 4000 des 8000 villages ivoiriens les plus isolés n’ont pas l’électricité. La plupart des zones non urbaines n’ont pas non plus la 4G. De manière générale, le pays fait face à d’importants défis en matière d’infrastructure, qui devront être surmontés en priorité.
Malgré ces importants défis, l’Afrique a un bel avenir en matière de FinTech et de blockchain, et beaucoup de choses à nous apprendre. Merci aux organisateurs pour ce superbe événement !