Comprendre NEO, le « Ethereum chinois »

Blockchain NEO

Premier numéro de la Token Letter, newsletter dédiée au web décentralisé et au monde des tokens

La blockchain NEO, dont la cryptomonnaie est juste derrière le top 5 mondial en termes de valorisation (5 milliards de dollars actuellement), reste peu connue au-delà de son surnom d’« Ethereum chinois » – surnom en partie simpliste comme nous le verrons.

A l’heure où le nombre d’ICO développées sur NEO commence à grandir modestement (le site TokenData, un des plus réputés pour les données relatives aux ICO, a du reste créé récemment un site spécifique pour suivre les levées réalisées sur NEO), il nous a semblé important de nous pencher de plus près sur cette blockchain aussi ambitieuse que controversée.

Dans ce premier volet, nous présentons les principales caractéristiques de NEO, avant d’analyser, dans le second volet qui sera publié dans quelques jours, ses points forts et ses points faibles ; de quoi pouvoir vous présenter, au bout du compte, notre avis sur cette plateforme, et surtout que vous puissiez vous faire le vôtre 😉

NB : si vous êtes néophytes dans la « token économie », pas de panique ! Face au jargon, consultez le lexique de la blockchain, en attendant la sortie du premier rapport dédié au web décentralisé, à paraître en avril, pour une (re)mise à niveau

SYNTHESE DU PREMIER VOLET EN 3 POINTS :

• NEO, dont l’équipe cœur – une trentaine de personnes – est basée en Chine, présente plusieurs similarités avec Ethereum : utilisation de smart contracts, développement d’applications décentralisées et d’ICO sur sa plateforme, rôle clef donné aux tokens…NEO vise cependant avant tout la « tokenisation » d’actifs traditionnels, alors qu’Ethereum vise prioritairement la construction d’un web décentralisé, porté par ses applications décentralisées. Pour les fondateurs de NEO, « la mission de NEO repose sur l’idée d’actifs numériques pour tous. Bitcoin veut créer un système financier parallèle aux systèmes existants, Ethereum veut créer un réseau pour des applications ‘instoppables’, tandis que NEO cherche à construire un système financier qui fait le pont avec les actifs du monde réel».

• Côté techno : l’algorithme de consensus n’est pas le même que sur la plupart des autres blockchains. NEO n’utilise en effet ni le Proof-of-Work, utilisé par Bitcoin en particulier, ni le Proof-of-Stake que vise Ethereum, mais un autre algorithme (Delegated Byzantine Fault Tolerance). En outre, NEO autorise l’usage de plusieurs langages informatiques courants pour développer des applications, contrairement à Ethereum. Enfin, il existe 2 tokens dans l’écosystème NEO, le NEO et le GAS, chacun ayant un rôle spécifique. Le GAS est le token utilitaire, celui qui permet d’utiliser les services de l’écosystème.

• L’équipe de NEO entend suivre une approche government-friendly. Elle dit veiller à respecter les réglementations en vigueur, et exprime le souhait de travailler avec l’Etat chinois et non contre lui. Ainsi, elle considère que les jetons NEO ne constituent pas une cryptomonnaie mais plutôt des parts de l’écosystème NEO, les cryptomonnaies étant globalement vues comme des menaces par le gouvernement chinois.

I – La “smart economy” à la chinoise, government-friendly

NEO est une blockchain permettant d’établir des smart contracts (appelés e-contracts dans l’univers NEO) et de créer des actifs numériques et programmables à partir d’actifs traditionnels. Ses fondateurs ont l’ambition d’en faire l’un des protocoles majeurs de l’univers blockchain (ils ont même annoncé récemment vouloir en faire « la blockchain n°1 d’ici 2020»). Initiée en 2016 par Onchain, une entreprise basée à Shanghaï, elle s’appelait Antshares jusqu’en juin 2017 où l’équipe a décidé de changer le nom du projet. Elle a réalisé sa propre ICO en 2016, et accueille elle-même des ICO sur sa plateforme depuis son rebranding mi-2017. Sa « core team » d’une trentaine de membres est basée en Chine.

NEO est surnommé le Ethereum chinois en raison de ses fortes similarités avec Ethereum – du moins à première vue. Avec NEO « chaque actif sera numérisé et programmable avec des contrats intelligents » dit son fondateur, Da Hongfei, ce qui rappelle Ethereum. La mission de NEO est de créer une « Smart Economy », qui combine actifs numériques, identité numérique, et smart contracts.

Extraits du white paper :
« NEO utilise des e-contrats pour l’enregistrement de transferts d’actifs numériques. Sur NEO, des tokens numériques générés par des e-contrats peuvent être utilisés pour enregistrer des titres et des actifs comme des actions, des créances, des titres financiers, des contrats financiers, des factures, des devises, et peuvent être appliqués pour le crowdfunding d’equity, l’échange d’actions, les plans de distribution d’actions pour les employés, le financement pair à pair, les programmes de fidélité, des fonds de private equity, le financement de la supplychain, etc.

La mission de NEO repose sur l’idée d’actifs numériques pour tous. Bitcoin veut créer un système financier parallèle aux systèmes existants, tandis que NEO cherche à construire un système financier qui fait le pont avec les actifs du monde réel. »

II – Les différences entre NEO et Ethereum

Malgré les parallèles souvent effectués avec Ethereum, NEO diffère d’Ethereum sur de nombreux points.

Objectif
Ethereum vise à faire émerger un écosystème d’applications décentralisées (dApps), tandis que NEO se focalise avant tout sur la gestion et l’échange d’actifs numériques, en conformité avec les réglementations en vigueur.

Langages pour développeurs
Il est possible sur NEO d’utiliser directement des langages courants (C#, Java, Python, etc.) pour développer des applications et des contrats, contrairement à Ethereum (même si Solidity, en particulier, est assez proche de langages usuels).

Algorithme de consensus
NEO n’utilise ni le Proof-of-Work (utilisé notamment par Bitcoin) ni le Proof-of-Stake que vise à terme Ethereum, mais un autre algorithme de consensus intitulé Delegated Byzantine Fault Tolerance (dBFT).

Comme les autres algorithmes de consensus, il entend résoudre le problème des généraux byzantins (dont l’enjeu est de savoir comment, et dans quelle mesure, il est possible de prendre en compte une information dont la source ou le canal de transmission n’est pas fiable a priori). Pour ce faire, NEO a choisi le « Delegated Byzantine Fault Tolerance », censé permettre un meilleur passage à l’échelle et de meilleures performances par rapport aux solutions existantes, selon les fondateurs de NEO.

Le dBFT fonctionne ainsi :
• Mécanisme : chaque détenteur de token NEO a un droit de vote sur l’élection de noeuds délégués. Les noeuds délégués sont chargés de vérifier chaque bloc inscrit dans la blockchain et de conserver leur propre registre de transactions.
• Pour chaque nouveau bloc à valider, un nœud délégué est choisi au hasard comme délégué leader.
• Le délégué leader propose aux autres délégués son registre de transactions pour le bloc donné ; les délégués comparent alors ce registre avec leur propre registre.
• Si un consensus de plus de 66% est trouvé, alors le bloc est ajouté à la blockchain NEO. Si moins de 66% des délégués acceptent la version proposée, alors un nouveau délégué leader est choisi au hasard, et le processus recommence jusqu’à atteindre un consensus d’au moins 66%.

-> Visualiser le fonctionnement en une image explicative

-> Pour plus de précisions, lire le white paper de NEO

Nature du token
L’équipe de NEO considère que les jetons NEO ne constituent pas une cryptomonnaie mais plutôt des parts de l’écosystème NEO. Les fondateurs souhaitent ainsi s’éviter les problématiques juridiques liées aux monnaies et aux cryptomonnaies. Ce choix est lié à la position du gouvernement chinois qui voit aujourd’hui les cryptomonnaies comme des menaces, en particulier le bitcoin : NEO entend prendre en compte ces craintes. NEO exprime le souhait de travailler avec l’Etat et non contre lui. Ainsi il est dit qu’il est possible d’utiliser des monnaies fiat (traditionnelles) sur NEO.

Rôle des tokens
Au lieu d’un seul token, l’ether, sur Ethereum, il existe 2 tokens dans l’écosystème NEO : le NEO et le GAS, chacun plafonné à 100 millions d’unités.

• Pour leur détenteur :
Les tokens NEO donnent à leurs détenteurs deux droits : d’une part un droit de vote (pour élire les nœuds délégués), d’autre part le droit de recevoir des dividendes versés sous la forme de tokens GAS.
Les tokens GAS reçus permettent ensuite à leurs détenteurs d’utiliser les services développés dans l’écosystème NEO : sans tokens GAS, il est impossible d’utiliser les services de NEO.
NB : pour recevoir les tokens GAS, il faut détenir ses tokens NEO dans son wallet et non pas sur les exchanges, hormis exceptions (Binance).

• Pour l’écosystème NEO :
Le token NEO a deux rôles principaux dans l’écosystème NEO :
1/ générer de nouveaux tokens GAS (jusqu’à atteindre le plafond des 100 millions, prévus pour 2038) via les frais de transaction payés sous forme de GAS aux nœuds délégués ;
2/ assurer le bon fonctionnement du réseau en permettant à ses détenteurs d’élire les nœuds délégués et de recevoir de nouveaux tokens GAS, en proportion de leur possession de tokens NEO.

(pour plus de précisions sur les liens entre GAS et NEO, voir cette image explicative)

Autres différences avec Ethereum :

-Les parts NEO sont des nombres entiers. A la différence des bitcoins, ethers, etc. il n’est pas possible de diviser les parts NEO en plusieurs fractions. Attention : les plateformes d’échange permettent, elles, l’échange des fractions des parts NEO…Conséquence : selon plusieurs témoignages, envoyer des fractions de parts NEO sur son portefeuille les fait perdre pour toujours !

-NEO affirme que si un utilisateur perd sa clef privée, il existe un mécanisme de récupération pour retrouver ses actifs sans aide d’une tierce partie.

-L’équipe de NEO considère que la tokenisation effectuée sur Ethereum présente un défaut majeur : « les tokens peuvent être envoyés à un destinataire sans le consentement de celui-ci. Ce type de transfert ne pose pas problème avec de la monnaie, mais peut poser problème avec des actifs qui incluent des obligations liées à ces actifs. C’est pourquoi le transfert d’actifs sur NEO est réalisé sous la forme de e-contracts qui nécessitent, dans la plupart des cas, une signature numérique de la part de l’émetteur et du destinataire (avec leurs clefs privées). » Autrement dit, un individu ou entité recevant des actifs NEO devra avoir donné son accord en amont.

Pour s’assurer que l’identité de chaque partie prenante est bien celle annoncée, NEO entend aussi proposer une solution d’authentification optionnelle venant d’une autorité certifiante.

Lire le deuxième et dernier volet : Que penser de NEO ?

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