Blockchain à l’Agora des DSI

A l’occasion de l’Agora des DSI où il est intervenu ce 11 septembre comme conférencier, Alexandre Stachtchenko (cofondateur de Blockchain Partner) a répondu à plusieurs questions sur le sujet blockchain.

A la question de savoir si la blockchain est surmédiatisée, il répond : « Je ne dirais pas que la blockchain est surmédiatisée, je dirais qu’elle est mal médiatisée : tout le sujet qu’il y a derrière n’est pas assez médiatisé pour l’importance qu’il a, malheureusement le focus n’est pas le bon.

Quand on entend parler de blockchain ou de crypto dans les grands médias, c’est soit pour débattre du prix du bitcoin, dont on se fiche pourtant qu’il soit de 1000, 5000 ou 10 000 euros parce qu’il changera demain et changera après-demain, soit pour parler du terrorisme, de la drogue et du dark net. C’est vraiment comme ce qu’il s’est passé il y a vingt ans avec Internet avec la focalisation sur le terrorisme et la capacité de faire des bombes avec Internet alors que le vrai sujet n’est pas là.

Le vrai sujet est géopolitique, économique, monétaire. Il y a [par exemple] de vraies questions sur ce que vont faire les GAFA avec ces innovations-là : est-ce qu’ils vont mettre leurs propres monnaies privées dans nos portefeuilles ? Si Facebook lance un « coin », ils pourront s’appuyer sur une base d’1 milliard d’utilisateurs d’un coup, soit plus que n’importe quel Etat à part la Chine et l’Inde. Ce sont ces questions qui ne sont pas assez abordées, parce qu’il n’y a pas encore de vraie compréhension de la technologie. L’éducation sur ces sujets-là est encore balbutiante, ce qui est normal. »

Différentes approches selon les directions au sein des entreprises

Interrogé sur la façon dont les DSI s’emparent (ou non) de la blockchain, il déclare : « ce que je peux témoigner d’après les clients que nous avons, c’est que le sujet intéresse beaucoup. La manière ou le prisme avec lequel on aborde ce sujet selon que l’on soit DSI, CEO, une direction métier ou innovation n’est absolument pas le même, ce qui est dommageable ou pas – c’est un autre débat. Il y a en tout cas une volonté chez les CEO très souvent d’y voir un nouveau marché, un nouveau vecteur de croissance, parfois une menace. Les DSI vont avoir tendance à être plus mesurés, à se demander comment la blockchain va changer l’architecture de leurs réseaux. Les deux approches sont évidemment bonnes.

Pour une entreprise il ne faut pas être uniquement dans la prospective – comme c’est un sujet très médiatisé on a tendance à s’imaginer n’importe quoi, que la blockchain va changer la faim dans le monde…-, mais d’un autre côté il ne faut pas non plus être trop timorés : les autres qui feront le choix avant nous de s’y positionner auront un avantage compétitif, de la même manière qu’avec Internet certains se sont focalisés sur les intranets alors que la vraie révolution était du côté du réseau public. »

Ne pas mettre de la blockchain pour de la blockchain, juste pour le principe

Il ajoute : « pour les DSI il y a des arbitrages à opérer lorsqu’on utilise des systèmes décentralisés, à savoir la sécurité contre l’efficience. C’est un arbitrage qui existe d’ailleurs depuis longtemps : les systèmes décentralisés n’ont pas attendus la blockchain pour exister. La tendance est plutôt à la centralisation, parce qu’elle permet une meilleure analyses des données, une plus grande efficience. Quand on travaille sur des systèmes décentralisés il faut donc faire bien attention aux cas d’usage et ne pas mettre de la blockchain pour de la blockchain, juste pour le principe, parce qu’on se retrouvera sinon à ne pas avoir ce qu’on veut. Si on recherche de l’efficacité, les blockchains ne sont pas vraiment la solution. Il faut savoir ce que l’on veut et identifier des cas d’usage assez précis. S’il n’y a pas de cas d’usage il faut l’accepter et revenir plus tard quand ces technologies seront plus matures. Cela étant, même si ces technologies ne sont pas encore matures, il faut s’éduquer, pour être prêt quand elles le seront. »

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