Il ne fait aucun doute que l’année 2020 marque l’entrée de Bitcoin et des cryptoactifs dans un nouveau cycle. L’engouement spéculatif des années 2017-2018 laisse désormais place à des prises de position institutionnelles de long-terme sur Bitcoin, et dans la foulée c’est le concept de rareté numérique et l’ensemble des crypto-actifs qui gagne en légitimité.
En parallèle d’un débat français cantonné à la vision paranoïaque du financement du terrorisme et du blanchiment d’argent, le monde financier traditionnel ne se trompe plus : Bitcoin et cryptoactifs sont devenus non seulement des actifs très liquides et performants, mais surtout un investissement sur l’avenir et une réserve de valeur numérique.
Depuis l’annonce de Paul Tudor Jones en Mars qui considérait l’investissement en Bitcoin comme un pari sur le “cheval le plus rapide”, ou encore celle de Michael Saylor, CEO de Microstrategy qui annonçait adopter Bitcoin comme actif principal pour la trésorerie de son groupe, les annonces et prises de positions publiques se sont multipliées.
Fonds assurantiels, fintechs (Square, Paypal) comme entreprises non-financières (MicroStrategy sus-mentionné), leaders d’opinions de la sphère financière (Raoul Pal, Druckenmiller), tous déclarent des positions en Bitcoin et aiment à le décrire comme un actif résilient, performant et une réserve de valeur incontournable pour les années à venir.
Si ces annonces peuvent sembler relever d’évènements isolés, les mouvements d’allocation sont bien réels. On observe déjà que plus de 4% de la base monétaire des bitcoins en circulation sert d’équivalent de trésorerie* pour des sociétés cotées. Les barrières à l’entrée de tels acteurs étant largement dépassées, les outils disponibles (custody, véhicules d’investissements, instruments financiers) pour investir en Bitcoin et cryptomonnaies gagnent en popularité. La croissance des fonds sous gestion des véhicules destinés aux investisseurs institutionnels (Ex. Grayscale, Fidelity), de même que l’accélération du volume des contrats à termes et autres produits dérivés sur Bitcoin tendent à confirmer la tendance.
Cet intérêt pour Bitcoin peut s’expliquer en partie par les performances passées de l’actif, et son intérêt lors de la constitution de portefeuilles. Bitcoin a en effet surpassé l’ensemble des classes d’actifs sur ces cinq dernières années** et sa faible corrélation à des indices tels que l’or ou les marchés actions en fait un outil puissant de diversification de portefeuille. Bien sûr, il convient de nuancer ces performances historiques, qui ne préjugent en rien de l’avenir de la valeur de l’actif. Néanmoins, dans une optique de diversification du portefeuille, cet actif peut prendre tout son sens pour les managers de portefeuilles.
Mais au-delà de la performance de l’actif, c’est la consolidation de la conviction de Bitcoin comme d’une potentielle réserve de valeur au même titre que l’or qui gagne en popularité. De par son caractère fini et sa robustesse (sécurité du réseau), les investisseurs commencent à dresser un parallèle entre la flambée de l’or dans les années 70 pour se prémunir contre l’inflation (à la suite de la fin des accords Bretton-Woods) et la situation du bitcoin aujourd’hui, dans le contexte d’un risque inflationniste similaire, résultat de la monétisation de la crise du coronavirus par les banques centrales.
Plus encore, avec l’institutionnalisation de Bitcoin c’est le concept de rareté numérique et l’ensemble des cryptoactifs qui gagne en légitimité. Bitcoin n’est que la première étape de l’internet de la valeur, et l’écosystème crypto au sens large, incluant les expérimentations de la finance décentralisée, bénéficiera bientôt de cet engouement. Les entreprises et institutions françaises ont donc intérêt à s’y positionner dès aujourd’hui.