Au terme d’une année économiquement difficile, l’écosystème blockchain & crypto aura démontré sa résilience : entrée de nouveaux acteurs B2B, hausse du cours des cryptomonnaies, explosion du marché de la DeFi, et régulation européenne… Blockchain Partner vous propose de revenir sur les événements marquants.
Pour faire face à l’endettement croissant des banques commerciales suite à la pandémie du coronavirus, les banques centrales majeures comme la BCE (Banque centrale européenne) ou la FED (US Federal Reserve) ont mené une politique de quantitative easing ou “planche à billet”, rachetant des obligations dégradées, entraînant une perte de confiance à l’égard des monnaies fiduciaires.
Ce besoin croissant de se prémunir contre la chute des monnaies fiat (dollar, euro) et de s’affranchir des banques conduit, une fois de plus, à une hausse de la popularité des cryptoactifs et des outils permettant d’y investir. Ainsi, le cours du Bitcoin a augmenté de plus de 225% entre janvier et décembre 2020. Cela témoigne de l’arrivée de nouvelles liquidités sur le marché.
Mais l’impact de la crise économique dans l’écosystème blockchain & crypto ne se limite pas à une hausse des investissements. D’autres services financiers utilisant une technologie blockchain, et en particulier Ethereum, ont vu leur popularité augmenter. C’est le cas de la Finance Décentralisée (DeFi), dont l’objectif est d’offrir une alternative au système financier traditionnel en créant les fondations d’un nouveau système, plutôt qu’en apportant des améliorations incrémentales à l’existant.
Ainsi, la valeur totale des liquidités dans la DeFi a augmenté de 2252% pour franchir la barre des 12 milliards de dollars. Cette explosion a pour effet d’apporter plus de stabilité dans l’écosystème crypto, en particulier dans le secteur de l’emprunt, de l’assurance, ou encore des marchés dérivés – caractérisés par l’incertitude de l’action humaine – en permettant d’offrir plus de liquidité pour se couvrir.
De telles augmentations soulignent non seulement la résilience des cryptoactifs dans une situation de crise économique, mais également leur capacité à gagner la confiance des investisseurs et de constituer une véritable réserve de valeur. L’engouement autour de la DeFi laisse penser que l’année 2021 sera très prometteuse pour le secteur des blockchains et cryptoactifs. Attention cependant : l’analyse peut être faussée par l’inondation de liquidités conséquente aux politiques monétaires : les cryptomonnaies auraient-elles subsisté sans cette dernière ?
L’année 2020 se caractérise également par un intérêt croissant pour la tokenisation de la part d’entreprises de différents secteurs. De nouveaux acteurs émergent dans l’assurance, proposant des services basés sur une autonomisation des indemnisations (Yearn Finance, Nexus Mutual, GoodsID). Dans le secteur de l’immobilier, on remarque de plus en plus que ces outils permettent une démocratisation de l’investissement, comme le démontrent des acteurs tels que RealT ou Mata Capital. Même les acteurs des jeux-vidéos redoublent de projets autour de la représentation de la rareté en ligne : c’est par exemple le cas d’Ubisoft autour d’un projet de tokenisation, ou de nouveaux acteurs comme Sorare, startup française qui a d’ailleurs levé 4 millions de dollars cette année..
Un tel phénomène constitue un point de rupture avec la position générale des entreprises depuis l’avènement des blockchains : alors qu’elles étaient davantage tournées vers les blockchains privées par méfiance à l’égard de ces nouvelles technologies, elles saisissent désormais l’intérêt de la tokenisation (représentation et transfert de valeur en ligne) et des blockchains publiques pour leurs projets (sécurité et transparence du système).
Enfin, sur le plan réglementaire : le climat semble plus favorable à la création de nouveaux services crypto-blockchain outre-atlantique. Nous n’aurons pas manqué le virage des banques institutionnelles comme JP Morgan au cours de l’année. Un tel revirement aura certainement eu des conséquences sur le discours des autorités de régulation elles-mêmes… L’OCC (Office of the Comptroller of the Currency) – l’autorité américaine de régulation des banques – déclare vouloir donner des licences aux banques décentralisées et perçoit la DeFi comme une révolution du monde financier.
Ces signaux ne peuvent qu’encourager le secteur privé à innover : d’Ebay à Paypal, en passant par ING ou encore BBVA, tous proposent de nouveaux services dans les cryptoactifs.
Pendant ce temps, les acteurs français et européens continuent à supporter de lourdes obligations légales au nom de la lutte contre le terrorisme. L’ordonnance de Bruno le Maire, en fin d’année 2020, pose des exigences très contraignantes en termes de vérification d’identité des clients ; et la réglementation MiCA interdit purement et simplement l’émission des stablecoins.
Si le souci d’harmoniser les règles à l’échelle européenne démontre un intérêt certain du législateur pour cet écosystème, la réglementation actuelle pourrait n’avoir pour effet que de freiner son développement en France. On ne peut donc que regretter un discours politique toujours aussi critique, et souhaiter une nette amélioration pour l’année à venir.
Pour conclure…
L’année 2020 est finalement marquée par un début de bull-run, c’est-à-dire de cycle haussier : les cryptoactifs suscitent une plus grande confiance des investisseurs et des entreprises. Le dollar devient bel et bien le maillon faible avec une forte baisse de son cours, et le Bitcoin confirme son statut de valeur refuge face à l’inflation.
Ce phénomène illustre un changement de narrative, et une ouverture vers une nouvelle vague de projets et cas d’usage innovants dans les blockchains publiques.
Quant aux grandes institutions, elles s’avancent de plus en plus dans des projets crypto – à l’image de la BRI (Banque des Règlements Internationaux) par la création d’un groupe de travail sur les monnaies numériques ; ou encore de la Banque de France par un projet de monnaie digitale de banque centrale. Cela témoigne indéniablement d’une évolution dans la position des grandes institutions : si elles ne rejettent plus totalement ces nouvelles technologies, elles se trouvent encore dans une phase de négociation “les cryptos, oui, mais… “
2021 sera-t-elle alors l’occasion de changer de paradigme, vers une acceptation plus grande des cryptoactifs ?